La recommandation HAS du 11 juillet 2019 bouleverse notre profession. Ces recommandations, dans le cadre du dépistage organisé (DO) du cancer du col de l’utérus (CCU) étaient pourtant attendues. La SFCC a communiqué plusieurs fois sur ce point dans nos différents congrès. Le test HPV en dépistage primaire est mis en place dans de nombreux pays européens compte tenu de nombreuses études montrant la supériorité de ce test sur le frottis cervico-utérin (FCU) en termes de sensibilité sur les lésions CIN2+. La France a tardé à mettre en place ce DO que nous avions pourtant de longue date réclamé.
Les structures d’ACP, tant publiques que libérales, ont anticipé pour beaucoup d’entre elles un regroupement compte tenu de la nécessité de mettre en commun des équipements performants mais onéreux, d’optimiser les coûts et de regrouper les compétences, compte tenu de l’évolution de la spécialité. La mise en place et le développement de la cytologie en milieu liquide avait d’ailleurs représenté un des facteurs justifiant ces regroupements.
A l’heure actuelle, environ 55% des structures d’ACP pratiquent le test HPV. Effectivement, ce sont les plus à même d’assurer le suivi des patientes du test HPV au diagnostic histologique. Nous devons défendre cette position. Il n’y a pas d’obligation à s’accréditer selon la norme ISO 15189 pour celles qui pratiquent le test HPV, même si bon nombre d’entre elles ont anticipé cette mise aux normes. D’ailleurs, le rapport HAS est ambigu sur ce point et on ne saurait que conseiller une démarche d’accréditation aux ACP qui veulent participer au DO-CCU. C’est au SMPF de défendre l’obtention d’un délai pour cette accréditation. Elle n’est pas à craindre puisque le test AFAQAP HPV-HR 2019 a montré que les ACP faisaient dans l’excellence; ce point est à considérer. Le meilleur moyen de conserver le dépistage est de montrer le savoir-faire.
La notion de centre national unique pour l’envoi des tests HPV va à l’encontre du mode de fonctionnement du système de santé français. Elle n’a jamais été évoquée par l’HAS. Cependant, seules des structures (libérales ou publiques) de volume conséquent répondant à l’ensemble des pré-requis exigés par la mise place du DO-CCU seront en mesure de faire face aux contraintes de ce test. Mais il n’y a aucune raison à donner un chiffre ou des limites.
Cependant, le prélèvement qui sera réalisé chez les patientes restera un « frottis » pour le médecin ou la sage-femme. Il sera envoyé à une structure qui pourra le prendre en charge quel que soit l’âge de la patiente (cytologie seule pour les femmes <30 ans, test HPV puis si + cytologie pour les femmes >30 ans). Les anatomocytopathologistes sont donc les seuls à pouvoir répondre à cette demande, d’autant plus que le résultat du test HPV positif ne doit pas être envoyé au clinicien ou à la patiente sans résultat de la cytologie associée. Il y aurait sinon un trop grand risque d’examens colposcopiques inutiles et surtout de traitements inadaptés pour les patientes, induisant des complications pendant des grossesses ultérieures. L’envoi conjoint des 2 résultats sera fortement défendu par la SFCC pour des raisons de Santé Publique.
Effectivement, nous devons envisager la reconversion d’une partie de l’activité des cytotechniciens. La SFCC et ACP Francophone sont sensibilisées à cette problématique et l’ont anticipée notamment par les différentes formations offertes aux cytotechniciens. Il s’agit également d’une problématique européenne et nous pourrons nous inspirer des évolutions dans d’autres pays. D’autres domaines de la cytopathologie doivent et peuvent être développés en sollicitant nos partenaires cliniciens. C’est en leur démontrant les performances de cet examen peu invasif et d’interprétation rapide que nous pourrons les inciter à le pratiquer. Cela nécessite une bonne formation des jeunes et des moins jeunes sur une spécialisation parfois délaissée car mal connue. Le SFCC œuvre depuis de nombreuses années et propose ses formations. Le relais pour la formation des cytotechniciens, compte tenu notamment des impératifs du nouveau texte concernant les Conseils Nationaux Professionnels, a été pris par ACP Francophone. De nouvelles terminologies internationales ont vu le jour récemment et témoignent de la considération et de l’intérêt que l’on doit partager sur la cytopathologie autre que le FCU.
Le rôle de la SFCC est de défendre et promouvoir la formation en cytologie, de diffuser l’information, d’accompagner le virage vers le test HPV et de faire du FCU un test avant tout diagnostique même s’il ne faut pas oublier le dépistage des femmes de 25 à 29 ans. Charge au SMPF de défendre sa nouvelle cotation quand le frottis devient un test diagnostique.
Le bureau de la SFCC
Christine Bergeron, Présidente
Béatrix Cochand-Priollet, Past-Présidente
Eric Piaton, Vice-Président
Monique Courtade-Saïdi, Secrétaire Générale
Voichita Suciu, Secrétaire Générale Adjointe
Bénédicte Royer, Trésorière